vendredi 12 février 2010

Une lettre de Claude Lapointe

Claude Lapointe
Auteur illustrateur, enseignant
Lettre ouverte à monsieur Otto Teichert
Directeur de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, 1er février 2010

Monsieur le Directeur,

Je viens de recevoir, via les Etats Unis, transmise par Etienne Délessert, auteur-illustrateur de grand renom, une information alarmante sur l’avenir de l’atelier d’illustration de Strasbourg, que j’ai créé et qui aujourd’hui, sous la conduite de Guillaume Dégé, grâce à son rayonnement, continue d’attirer les meilleurs jeunes scénaristes, auteurs, illustrateurs.
Il paraît évident que toute l’option Communication est étouffée par votre projet qui l’exclut de ses perspectives. Cette option, en plus de l’illustration, propose la Communication graphique, la Didactique Visuelle, atelier unique en Europe, une autre spécificité rare et indiscutable de l‘École de Strasbourg.

En 2005, quand j’ai quitté l’école, l’atelier d’illustration réunissait entre 70 et 80 étudiants, venus de tous les coins de l’hexagone et de l’étranger. Je ne l’ai jamais vécu comme un surnombre. Les échanges, en plus de la formation adaptée à cette taille, étaient d’une richesse exceptionnelle.Réduire considérablement le nombre des étudiants devient de l’élitisme.
Du gâchis pour les centaines qui n’entreront pas.
Ce n’est pas en réduisant le nombre des étudiants qu’on se rapproche d’une formation universitaire ! On s’en éloignerait plutôt à grands pas.
Cette spécificité de l’illustration à Strasbourg, qui en réalité n’est pas une singularité, mais un art plus fort et contemporain que jamais, puisant dans la littérature, le théâtre, le cinéma, le dessin animé, les arts plastiques, ne peut pas disparaître de la Ville qui est citée, reconnue à travers cet art à part entière.

Une singularité est toujours une qualité d’école. Surtout celle d’une école d’art.
Elle peut se maintenir quelques soient les structures, à condition qu’il y ait l’intention de la garder.

Ignorez-vous à ce point que des centaines de jeunes en France, en Europe préparent en ce moment en illustration, en didactique, leur cursus d’études, leur chemin de vie, avec Strasbourg comme aboutissement ?
Je suis consulté régulièrement par des postulants convaincus et enthousiastes.
Je viens d’en rencontrer une demi-douzaine, cette semaine.

Est-ce possible que dorénavant, je sois obligé de leur dire :
« L’illustration à Strasbourg, c’est terminé!
par la volonté d’un seul homme: Otto Teichert ! » ?
Voulez-vous porter cette responsabilité ?

En espérant vous voir réfléchir à cette situation insensée.
Avec mes salutations
Claude Lapointe
Auteur, illustrateur, enseignant,
entre autre Chevalier des Arts et des Lettres pour, en partie, avoir créé l’Atelier d’Illustration


Copie pour information à :
- Instances régionales
- Presse régionale quotidienne hebdomadaire et mensuelle
- Editeurs : Gallimard, Grasset, Actes Sud, Bayard Presse, + une vingtaine d’éditeurs
- Salons de Montreuil, Angoulème, Bologne (Italie)
- Sites concernant les illustrateurs
- UNPI (Union Nationale des Peintres Illustrateurs)
- CRILJ
- Centre National des Lettres + JPL
( les passages en gras et italique sont pareils sur le document )